Télétravail :
la CGT ne signe pas !
POURQUOI LA CGT CANON N’A PAS SIGNÉ L’ACCORD ?
Les négociations sur le télétravail ont abouti cette semaine à un accord signé par les deux autres organisations syndicales.
Alors que le télétravail a été la règle durant plus d’un an chez CANON France, il a paru tout naturel à votre Syndicat CGT de demander à la direction, dès novembre 2020, la réouverture de négociations avec la volonté d’aboutir à un accord innovant et bénéfique, tout en lui donnant un cadre.
Malheureusement, les séances de négociations se sont avérées poussives et déconcertantes, donnant l'impression que la direction ne s’y était pas vraiment préparée et n’avait aucunement prévu de se mettre à la page sur le sujet à ce moment de l’année. Et pour cause, le plan de relance était déjà dans les tuyaux. Le PSE étant prioritaire, car soumis à un calendrier précis, plusieurs réunions ont dû être reportées et la négociation a pris davantage de temps que prévu. Bref, les élus n’en voyaient pas le bout.
Après des mois d’âpres négociations, pour la CGT CANON et ses adhérents, cet accord reste insuffisant et très en dessous des accords d’entreprises de même envergure. Il ne prend pas en compte les spécificités du télétravailleur, notamment sur les points suivants :
• Insuffisance de participation aux frais de repas du midi des télétravailleurs ; d'après la direction, ce dispositif concernerait 420 personnes sur 1200. Quid des autres ?
• Exclusion injuste des itinérants (commerciaux, techniciens, etc.) des dispositions de l’accord ; ils sont considérés par la direction comme n'entrant pas dans le dispositif, de par leur statut, et n’ont le droit de bénéficier d’aucune aide ou aménagement dans le cadre de l’accord, alors qu'ils pratiquent le télétravail de façon régulière
• Pose des jours de télétravail exceptionnel (grèves, épidémie...) avec délai de prévenance (quand les circonstances sont exceptionnelles, elles sont plutôt soudaines et imprévisibles) et sans aucune prise en charge financière prévue
• Rajout de contraintes supplémentaires pour la prise des jours de télétravail : interdiction de poser plus d’un vendredi par mois en télétravail, plannings établis par le manager sur 3 semaines, interdiction d’accoler des jours de télétravail, de congés ou de RTT sur la semaine entière (autrement dit, si vous prenez 3 jours de CP ou RTT, vous ne pourrez pas télétravailler cette semaine-là)
• Mise en place du télétravail au bon vouloir du Manager, sans recours possible
• Mise en place d’une période d’essai de 3 mois pour les nouveaux accédants, pour valider le droit au télétravail alors qu’il a largement fait ses preuves chez Canon depuis 2 ans
• Aucune prise en compte de la vétusté du matériel informatique, donc 120 € de participation pour tout le reste de votre carrière chez canon (sur une liste restrictive)
• Aucune contrainte vis-à-vis du respect au droit à la déconnection alors qu’il s’agit d’une obligation
• Insuffisance de prise en charge des frais exposés par le collaborateur pour télétravailler
• Insuffisance des dispositions particulières liées aux IRP
Le syndicat CGT Canon refuse enfin toute forme de ségrégation entre les salariés. Nous n'admettons pas, dans cet accord, une différence de traitement entre les itinérants et les sédentaires ou entre la Province et Paris, car nous considérons qu'un jour de télétravail, quelque soit le lieu géographique et la personne qui le pratique, doit être rémunéré de la même manière ! L'entreprise ne peut impunément fermer les agences de Province, réduire les surfaces des lieux de travail et altérer les conditions imposées aux collaborateurs pour les pousser à opter pour le télétravail (et ainsi faire toujours plus d'économies) sans qu'une contribution honnête leur soit versée pour compenser les frais personnels engagés par les salariés.
Les demandes du Syndicat CGT CANON ne semblaient pourtant pas exorbitantes ni déraisonnables ; Elles reflétaient principalement vos souhaits, vos attentes et correspondaient à votre conception du télétravail, à savoir :
• Jusqu’à 3 jours de télétravail / semaine ou télétravail à la carte et en accord avec son manager sur la base du volontariat
• Une participation de l’employeur aux frais de repas à hauteur de 5,48 euros par jour télétravaillé (équivalente à la participation au RIE)
• La participation aux frais engendrés par le télétravail, soit la somme de 3 euros par jour télétravaillé pour pourvoir aux dépenses d’énergies, eau, mise à disposition du local
• Le remboursement des équipements achetés par le collaborateur pour aménager entièrement son poste de télétravail
• Le droit d’épargner les jours de télétravail non effectués sur un compte-épargne temps et pouvoir ainsi cumuler jusqu’à 1 semaine de télétravail
• De la souplesse dans le choix et la pose des jours de télétravail en accord avec le manager
En toute dernière minute, la Direction a ajouté un paragraphe indiquant que « Les parties conviennent toutefois qu'elles pourront se réunir après 18 mois d'application du présent accord afin d'échanger notamment sur les évolutions fiscales et légales du dispositif ».
Outre le fait que ce dernier ajout n’accorde rien de plus aux télétravailleurs, il donne la possibilité à l’entreprise de revoir à la baisse le peu qu’elle a déjà accordé si des évolutions fiscales ou légales lui en donnent la possibilité.
Enfin, pour la CGT CANON, aucune contrainte ne s'impose à la direction qui reste libre de renégocier ou pas les droits des itinérants. Se posera alors la question de la dénonciation possible de l'accord par les signataires...